Comment en sommes-nous arrivés là ?

Fin de la 2e guerre mondiale, 1950. Débute l’organisation scientifique pour produire des biens et pour les vendre. On passe de la femme au foyer qui contrôle la vie domestique et qui économise, à la «reine» au foyer qui s’économise.

La religion interdit le crédit : les prêteurs d’argent sont vus comme des bandits qui iront en enfer. L’épargne est la seule façon de faire, autorisée par l’Église.

On passe alors de «la religion qui contrôle le crédit» à «l’individu qui contrôle son crédit». Il devient acceptable d’emprunter, mais pour de bonnes raisons (achat d’une maison).

Puis, on arrive à l’emprunt sans bonne raison. On détache l’emprunt du motif, entre autres par l’arrivée de la carte de crédit. C’est le début de l’individualisme, du libre-arbitre de l’individu. Les biens de consommation ne sont plus produits pour répondre aux besoins des familles. Ils sont plutôt créés par des spécialistes de la mise en marché et du marketing afin d’inciter à la consommation.

La carte de crédit devient un produit de consommation, une marchandise en soi. Elle est convoitée, on la vend, on en fait la promotion (cartes OR, cartes avec points bonis, cartes liées à une cause, etc.).

La carte de crédit est perçue comme un symbole de pouvoir; on a la possibilité de faire des transactions sans connaître le prix de ce qu’on achète. La carte de crédit est symbole de liberté, de sécurité, elle nous apporte un statut social.

Un libre-arbitre bien relatif

Nous ne pouvons alors nier que le geste d’utiliser le crédit est influencé par la société, la culture et les valeurs sociales du moment. Il est donc faux de prétendre que l’utilisation du crédit est un geste personnel, individuel et que le consommateur a tout son libre-arbitre. Il fait face aux influences extérieures lorsque vient le temps de consommer.

C’est ainsi que la société est passée de l’épargne à tout prix à la consommation à tout prix, selon les pressions sociales du moment.