Il y a différentes manières de calculer l’empreinte carbone. Devant l’ampleur des désastres en cours et à venir, il est nécessaire de les comprendre, autant à l‘échelle individuelle que nationale et internationale.

Cela nous permettra :

  • de juger de la progression vers la carboneutralité;
  • de juger de l’efficacité des plans d’action appliqués à tous les niveaux.

Analysons ici l’empreinte du mode de vie, l’empreinte par territoires, l’empreinte d’extraction d’énergies fossiles et l’empreinte par produits.

 

1.  L’empreinte du mode de vie

Chaque individu, chaque famille consomme. On s’alimente, on se loge, on s’habille, on se déplace, on prend des loisirs, on communique et on pollue. Nos modes de vie commandent l’utilisation d’énergies, la production de biens et services et la disposition de ceux-ci en fin de vie. Ces activités entraînent des émissions de GES néfastes pour la planète.

L’empreinte sera plus ou moins grande selon nos moyens financiers et selon nos valeurs, nos besoins ou nos désirs.

Si je vis dans une maison cossue tout équipée et que je possède en plus un chalet ou une maison de campagne, mon empreinte sera plus forte que si je suis locataire vivant dans une grande ville, évidemment.

Si la famille possède plusieurs autos ou des VUS, la planète réagira différemment que si je voyage en velo et que j’utilise des autos de partage. Mon steak, mon voyage au Mexique en avion, mon abonnement aux médias de communication, etc. sont autant de variables qui conditionnent notre empreinte carbone.[1]

 

2.  L’empreinte de territoires ou de pays

Cette empreinte résulte du calcul de l’ensemble des émissions de GES générées par les activités économiques à l’intérieur d’un pays.

C’est par cette méthode que les pays calculent leur empreinte et présentent leur rapport au secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). C’est ce calcul qui est utilisé lors des COP. Elle se mesure en millions de tonnes de CO2.

Mais ce calcul est considéré comme restrictif et ne présentant pas adéquatement la situation.

En effet, avec l’accélération de la mondialisation de l’économie, les pays davantage développés ont délocalisé de grands pans de leur production vers des pays moins développés.

Ils ont par le fait même exporté une partie de leurs émissions de GES vers ces pays. On devrait donc imputer les émissions de GES aux pays qui achètent ces produits.

Afin de pallier cet effet, il faudrait incorporer aux émissions territoriales de chaque pays, celles résultant de la production de biens achetés à l’extérieur du pays — donc les importations — et soustraire celles liées aux exportations.

Cette méthode de calcul se réalise déjà mais n’est pas généralisée ni acceptée à l’international.

 

3.  L’empreinte d’extraction d’énergies fossiles

Le CO2, provenant très principalement des combustibles fossiles que sont le charbon, le pétrole et le gaz, compte pour plus de 70 % de la totalité des GES de la planète.

En cessant de produire du pétrole au Canada, par exemple, on arrête les émissions de CO2 provenant de son exploitation mais aussi de sa transformation et de sa consommation dans tous les pays qui en importent.

Suivre l’évolution de l’extraction des énergies fossiles est donc une autre façon dejuger la progression vers la carboneutralité.

Une vingtaine de pays producteurs sont particulièrement concernés puisqu’ils comptabilisent plus de 80 % des émissions mondiales de CO2 liées aux énergies fossiles. Ces pays auront à opérer des reconversions économiques et sociales davantage complexes à cause de cette dépendance.

Si la Chine possède la plus grande empreinte d’extraction d’énergies fossiles au monde dû à son exploitation et sa consommation de charbon, le Canada, particulièrement l’Alberta, est loin d’être en reste avec la cinquième position à cause de son exploitation des sables bitumineux.

 

4.  L’empreinte par produits par l’analyse du cycle de vie

On peut aussi quantifier l’empreinte par produits : on parle ici de l’analyse du cycle de vie (ACV). Cette analyse sert à circonscrire l’ensemble de l’empreinte carbone d’un produit autant en amont, en production qu’en aval. Elle sera utile pour aider les entreprises à mesurer leur empreinte afin de planifier leur décarbonisation.

La publicisation des résultats nous servira, à nous consommateurs, pour faire des choix éclairés de consommation.

 

S’approprier ces outils de mesure

Ces différentes mesures de l’empreinte carbone ne s’additionnent pas mais nous permettent de la comprendre sous différents angles. C’est donc important pour les pouvoirs publics, les entreprises, les organisations de défense de l’environnement ou encore pour nous citoyens dans nos choix de consommation.

À titre d’exemple, l’empreinte d’extraction d’énergies fossiles nous amènent à comprendre l’utilité de la taxe carbone, de son renchérissement graduel et de son application généralisée et uniformisée au niveau international. Sa mesure, prise annuellement, devrait mettre en évidence son évolution et permettre de rectifier le tir au besoin.

La mesure de l’empreinte du mode de vie servira à confronter les pays en regard des capacités de la planète. Par exemple, elle nous dit, qu’en 2019, si tous les citoyens du monde vivaient comme ceux du Canada, il faudrait les ressources de 4,8 planètes Terre pour atteindre le même style de vie. Nous sommes ici dans le top dix des pays les plus gloutons. Pas besoin de mentionner que pour respecter les ressources d’une seule planète Terre, nous devrons modifier grandement nos modes de vie.

Ces mesures sont des outils indispensables dans la lutte aux changements climatiques; il faut se les approprier.


[1] Pour mesurer votre empreinte familiale : https://www.carboneutre.ca/lempreinte-carbone-des-quebecois/

 

Texte de Yves Nantel
Bénévole et militant de longue date
Novembre 2021