« L’emprise sur le monde naturel par les humains n’a jamais été aussi absolue … Il est désormais impossible de nier cette vérité visible au quotidien : les changements climatiques environnementaux causés par l’humanité affectent l’ensemble du système Terre et ils perdureront pendant plusieurs milliers d’années, avec ou sans les humains pour en être témoins ».

Victor Court, « L’emballement du monde », Écosociété, 2022.

Prenons un peu de recul pour comprendre. Emmitouflé-e-s dans tout le confort acquis à ce jour, il est compréhensible d’être abasourdi-e-s et déstabilisé-e-s devant le phénomène. Comment se fait-il que nous en soyons arrivés là ?

 

Un développement constant et patient

On va faire un grand saut en arrière. Des milliards, des centaines de millions, des milliers d’années. Certes inconcevables pour notre imagination mais bien réelles.

La terre, notre planète, existe depuis quelque 4,6 milliards d’années. La vie y est apparue depuis 3,8 milliards d’années. Cette dernière aura été aquatique pendant 3,4 milliards d’années.

On trouvera trace des premiers végétaux terrestres (lichens, mousses), il y a presque 500 millions d’années et il faudra en attendre 100 millions supplémentaires pour que les premiers animaux évoluent sur la terre ferme. L’évolution est lente. Les plus vieux fossiles humains découverts remontent à 2,8 millions d’années et ceux d’« humains pensants » (Homo sapiens) que depuis 300 000 ans.

Ouf ! On arrive à nos lointains ancêtres. Faisons une pause ici.

 

Nous puisons notre origine grâce à la photosynthèse

Qu’est-ce qui a permis cette évolution ? La condition essentielle fut l’énergie solaire transformée par le phénomène de la photosynthèse permettant aux premiers végétaux terrestres d’évoluer jusqu’à aujourd’hui.

Grâce à la chlorophylle (la couleur verte de leur feuillage), ils possèdent la caractéristique de transformer l’énergie solaire en énergie chimique, assimilable, pour se développer. La photosynthèse produit des glucoses permettant leur croissance et libère de l’oxygène et du gaz carbonique nécessaires à la vie.

Les animaux qui ont succédé aux plantes ne pouvaient pas produire cette énergie essentielle pour leur évolution. Qu’ont-ils faits ? Ils ont mangé des plantes qui contenaient cette énergie (les herbivores) et ont pu se reproduire.

De plus certains animaux ont décidé de manger d’autres animaux (les carnivores) ou les deux (les omnivores) et cela a entrainé des mutations qui ont abouti à l’espèce humaine. Mais nous, d’où prenons-nous notre énergie pour nous développer sinon des plantes (légumes) et des animaux (les viandes) ? En définitive, indirectement du soleil.

N’oublions pas que ces métamorphoses ne se sont pas opérées en quelques années, elles ont pris des centaines de millions d’années. Dame Nature est patiente et persévérante.

 

Le CO2 comme condition de notre existence

Si la photosynthèse procure, en définitive, l’énergie essentielle à notre existence, elle libère aussi une partie du gaz carbonique qu’elle produit et en emprisonne une autre partie. La partie libérée migre dans l’atmosphère et crée un sorte de parasol au-dessus de la terre qui permet un certain réchauffement, réchauffement juste suffisant pour permettre l’évolution des espèces sur notre planète.

L’autre partie, emprisonnée, reste dans les plantes et quand les plantes meurent, elles pourrissent au sol et, au cours des années, des millions d’années, elles s’enfouissent toujours plus profondément.

À un certain stade, elles se transforment en charbon, en pétrole ou en gaz qui contiennent chacun tout le CO2 capté par les plantes depuis des millénaires. Il ne faut pas oublier que le phénomène de photosynthèse se produit aussi simultanément dans les océans.

C’est pourquoi on considère aujourd’hui que la végétation, les sols et et les océans sont les trois plus grands puits naturels de captation de CO2 de la planète.

 

Revenons à l’évolution de l’énergie, à la maîtrise de l’énergie

Les animaux qui ont adopté la bipédie (la marche sur deux membres) sont devenus nos ancêtres et ont réussi à maitriser une autre énergie, le feu (il y a 400 000 ans). Avec la cuisson des aliments, ils ont diminué la charge d’énergie nécessaire à la digestion.

Du fond des cavernes ou des huttes de régions plus nordiques, ils ont augmenté leur résistance au froid. Avec l’augmentation des chaleurs produites, ils ont rendu possible la fonte des métaux pour en faire des outils.

À cette époque, on est donc graduellement passé de la force musculaire humaine à la domestication d’animaux et l’utilisation de la traction animale en agriculture, puis pour le transport.

Beaucoup plus tard, du feu, les humains sont passés au captage de l’énergie hydraulique, celle des cours d’eau par des roues à aube. Moulins à moudre les grains, les noix, des minerais, propulsion des bateaux sur les rivières, cette énergie fut utilisée jusqu’à tout récemment soit jusqu’à la moitié du 19e siècle. On a évalué qu’au 13e siècle, les roues à aube dégageaient une puissance équivalente à la force musculaire d’une cinquantaine d’ouvriers.

Note : Dans la deuxième partie, je continuerai l’historique de l’utilisation des énergies et je conclurai sur la problématique actuelle.

Texte de Yves Nantel
Bénévole et militant de longue date
Septembre 2023