Pour comprendre les enjeux liés à la réduction des gaz à effet de serre et les acteurs en présence lors des discussions à la 27e réunion des signataires de la Convention-cadre des Nations-Unies sur le changement du climat en novembre 2022, deux données sont à considérer : les émissions brutes des pays et les émissions par habitant[1].

Les acteurs à surveiller à la COP 27

ÉMISSIONS DE GES DES PRINCIPAUX PAYS (2019)

                                                                            Éq. CO2 est l’abréviation de équivalent C02 : ce qui inclut tous les gaz à effet de serre : gaz carbonique, méthane, protoxyde d’azote et autres. L’Union européenne comprend 27 pays.

L’on constate du tableau précédent que 58,1 % des émissions de CO2 dans le monde proviennent de 4 pays plus l’Union européenne. Comme cette compilation comprend 195 pays, cela signifie que le reste des émissions soit 42 % est le fait des 190 autres pays.

Si l’on avait fait défiler le tableau complet, l’on aurait constaté que le Canada est au 10e rang des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre avec 737 mégatonnes en 2019; ce qui représente 1,5 % de toutes les émissions mondiales.

   DE GES PAR HABITANT (2019)

En divisant le total des émissions de CO2 du Canada par le nombre d’habitants, on arrive à 19,6 tonnes/habitant annuellement. Il arrive en tête de tous les pays au monde à ce chapitre. La Chine délaisse ici le premier rang et se retrouve au 6e rang.

 

Obligation de résultats malgré les embûches

Il ressort du tableau des principaux pays émetteurs que la Chine est de loin le plus grand émetteur avec plus du quart des émissions mondiales. Si, à ce jour, les pays semblent prendre davantage conscience de l’ampleur des catastrophes appréhendées, il en est autrement de l’engagement à de mesures de réduction des émissions. Et de surcroît, des événements viennent chambouler les maigres acquis à ce jour.

Avec l’invasion russe en Ukraine, les pays européens sont obligés de relancer des centrales au charbon et de mousser l’importation de pétrole et de gaz pour la production de leur énergie.

La Chine, qui s’est dite incapable d’atteindre la carboneutralité avant 2060, a été prise avec des sécheresses exceptionnelles. Conséquences, elle prévoyait, d’un côté, intervenir sur le climat en provoquant artificiellement des pluies dans les régions les plus touchées et de l’autre, relancer les centrales au charbon étant donné la baisse du niveau d’eau des réservoirs de production d’hydroélectricité. Des mesures ayant comme corollaire l’augmentation des GES. De plus, elle a annulé un engagement de se coordonner avec les États-Unis pour lutter contre le réchauffement de la planète. À la décharge de la Chine, il faut souligner qu’une bonne partie de ses émissions proviennent de la délocalisation des produits manufacturés de l’Occident.

Quant au Canada, s’il obtient le titre peu enviable du plus grand émetteur de gaz à effet de serre par habitant de la planète, c’est que nous sommes un pays producteur et exportateur de combustibles fossiles et que nous avons adopté des modes de vie allègrement émetteurs de GES.  Cette situation nous oblige à faire rapidement la transition vers les énergies renouvelables et nous confère le devoir bien particulier de transformer nos modes vie éthiquement insoutenables. Ici aussi obligation de résultats.

 

Texte de Yves Nantel
Bénévole et militant de longue date
Septembre 2022

 


[1] Source : Émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, Gouvernement du Canada, 25/08/22