Texte de Yves Nantel
Bénévole et militant de longue date à l’ACEF

 

Comprendre les changements climatiques


Si les scientifiques disent vrais, nous serons très bientôt invités à modifier fortement nos modes de vie pour éviter les catastrophes appréhendées. Il sera nécessaire de bien comprendre les enjeux afin de juger des solutions à adopter individuellement et collectivement par nos gouvernements.

J’espère ainsi, par mes chroniques, contribuer à des prises de décision éclairées.


 

La température moyenne actuelle de la planète est de 14 ℃. Cette température a assuré le développement harmonieux des écosystèmes de la planète et c’est grâce aux gaz à effet de serre (GES). Ils déploient une espèce de parasol autour de la terre et retiennent la chaleur. Sinon, la température serait plutôt de – 19 ℃, donc invivable.

 

Mais où est le problème ?

Le problème réside dans le fait que, depuis l’ère industrielle, les humains émettent dans l’atmosphère plus de gaz à effet de serre (GES) que la nature ne peut en absorber.  Il en résulte que la température globale de la planète se réchauffe au point où cela devient problématique.

 

La concentration des GES et la vitesse de réchauffement

Quand les experts statuent sur la dangerosité des changements climatiques, ils considèrent deux éléments :

  • la concentration des gaz à effet de serre de longue durée de vie dans l’atmosphère;
  • la vitesse du réchauffement de la planète.

Ils les comparent alors aux effets produits sur les principaux systèmes de la planète que sont :

  • la cryosphère (les glaces),
  • l’hydrosphère (l’eau),
  • la lithosphère (la terre,
  • et la biosphère (la vie sur terre).

Le dioxyde de carbone (CO2) n’est pas le seul gaz à effet de serre impliqué dans le réchauffement climatique; on trouve aussi le méthane, le protoxyde d’azote et quelques autres.

Ce sont ces gaz, dits de longue durée, qui sont les responsables de l’effet de serre démesuré, le principal coupable étant le CO2.

Afin de mesurer la concentration de CO2 dans l’atmosphère, les experts utilisent l’unité de mesure «partie par million » (ppm) alors que pour mesurer la quantité de gaz émise ils utilisent l’unité « tonnes de CO2 ».

Ainsi, ils affirmeront que tel secteur d’activité, telle entreprise ou même telle personne émet x tonnes de CO2 par année et ils diront que la concentration des GES dans l’atmosphère est de x ppm.

 

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Au cours du dernier million d’années, la concentration de CO2 dans l’atmosphère n’a que peu varié, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

La concentration à l’époque préindustrielle affichait 280 ppm, en février 2019 elle a atteint 411,75 ppm[1] donc une augmentation de 131,75 ppm en seulement 150 ans!

Cette augmentation est due très principalement aux centaines de milliards de tonnes de CO2 envoyées dans l’atmosphère par la combustion des carburants fossiles dont le pétrole, le charbon, le gaz naturel.

Au Québec, en 2016, 78,3 % des émissions de GES provenaient du CO2, le deuxième responsable était le méthane avec 12,6 %. Le graphique ci-dessous répartit ces émissions par secteurs d’activité.

 

Le réchauffement de la planète

Avant l’arrivée de l’ère industrielle, milieu du 19e siècle, les énergies utilisées par les humains ne provoquaient que peu d’effets de serre.  Nous pensons à la traction humaine et animale, à l’eau, au vent, au feu.

On s’est alors mis à utiliser le charbon pour produire de la vapeur comme énergie. Avec l’émergence des centrales au charbon pour produire de l’électricité, des moteurs à combustion de pétrole pour propulser les véhicules, le CO2 a commencé à se concentrer démesurément dans l’atmosphère provoquant le réchauffement de la planète.

Afin de mesurer ce réchauffement, les experts ont fixé comme ligne de départ, celle de la température de l’ère préindustrielle.

En 2012, la Banque mondiale prévenait que seul un arrêt complet des émissions de GES d’ici 2016 permettrait de limiter le réchauffement de 1,5 ℃[3]. À la fin de 2018 nous en étions à +1,1 ℃ de la ligne de départ.

 

Les engagements de la communauté internationale

Pour sa part, la COP 21[4] à Paris en 2015 se fixait un cadre considéré ambitieux pour les décennies à venir :

« réduire les émissions de CO2 de manière à limiter l’élévation de la température moyenne, nettement en-dessous de 2 ℃ par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle en s’efforçant de ne pas dépasser 1,5.»

Puis, en octobre 2018, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) prévenait que « pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 ℃, il faudrait modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société.»

Actuellement, c’est comme si nous étions assis sur un volcan qui gronde, qu’on savait qu’il allait bientôt exploser mais que nous continuions à l’alimenter malgré tout.


[1] National Oceanic and Atmospheric Administration – Earth System Laboratory, mars 2019.
[2] Source : Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2016 et leur évolution depuis 1990, ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, novembre 2018.
[3] World Bank, 2012, Turn down the Heat. Why a 4 ℃ Warmer World Should Be Avoided.
[4] COP21 est l’acronyme de 21e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), convention signée par 191 pays en 1994.