Tiré du blog libredeconsommer.com
Une critique de la société de consommation
par Damien Hallegatte, Ph. D.

Quelles sont les dépenses qui nous rendent le plus heureux ? Qui nous procurent le plus de satisfaction ?

En prendre conscience nous permet de revoir nos choix de consommation en fonction du plaisir, de la qualité de vie que nous apportent ces choix. 

Voici huit trucs, issus de dizaines de recherches en psychologie du consommateur (1).

 

Se payer des expériences plutôt que des objets

Mieux vaut partir en voyage, se payer un restaurant, aller au cinéma qu’acheter une voiture, un réfrigérateur ou un téléviseur.

Contrairement aux objets, les expériences sont uniques, généralement partagées avec les autres et difficiles à comparer avec celles du voisin. En plus, le simple fait d’y penser nous rend heureux.

 

Se payer plusieurs petits plaisirs plutôt qu’un gros

Mieux vaut aller faire du ski chaque fin de semaine dans une petite montagne à côté de chez soi qu’une semaine par année dans une grande station de ski.

La fréquence des plaisirs est plus importante que l’intensité des plaisirs.

 

Payer maintenant (à soi-même), acheter plus tard

Anticiper un achat est une source de bonheur gratuite, dont il ne faut pas se priver.

Il se peut même que le plaisir de savourer à l’avance soit supérieur au plaisir de l’achat et de l’utilisation lui-même. En effet, dans notre tête, tout peut être parfait.

 

Ne pas se payer de garantie prolongée ou d’assurance superflue

Acheter une garantie prolongée, c’est acheter la « paix d’esprit », mais cela fait diminuer notre tolérance à l’incertitude et à la déception, donc augmenter notre anxiété.

En effet, moins on expérimente le bris d’objets non assurés, plus on pense que cela pourrait nous pourrir la vie. C’est comme être pris dans un banc de neige et dégainer sa carte CAA : ça rend l’homme moins viril.

 

Ne pas trop magasiner

Quand nous comparons des produits, notre attention est portée sur ce qui distingue les produits, et non sur ce qui est important pour nous.

Par exemple, je magasine une maison. La première a un foyer, la deuxième un spa, et la troisième ni l’un ni l’autre. Si elles ont toutes quatre chambres et deux salles de bain, qu’elles sont en bon état et situées dans le même quartier, peut-être faudrait-il prendre la moins chère, c’est-à-dire ne pas payer (tout de suite) pour des extras.

 

Observer les autres

Parmi les gens que l’on connaît et qui ont un spa ou une piscine, combien sont vraiment heureux avec ? Demander directement, c’est obtenir une réponse qui ne vaut rien. Chercher habilement à le savoir est un meilleur moyen de prévoir si ces objets nous rendront davantage heureux que de poser des questions à un vendeur.

 

Dépenser pour les autres

Notre bonheur dépend en grande partie de la qualité de nos relations avec les autres, et faire un cadeau à quelqu’un a un effet positif sur la relation.

Mais le cadeau devrait être une expérience plutôt qu’un objet. Nous devrions aussi donner nos objets usagés plutôt que d’essayer de les vendre, et faire des dons à des œuvres de charité.

 

Penser à ce à quoi on ne pense pas

Chaque fois que le désir d’acheter un chalet s’empare de soi, on devrait penser à ce à quoi on ne pense pas d’habitude avant de faire un tel achat : « dépenses imprévues, durée des trajets, moustiques, vandalisme animal, vol, gel, visite « qui colle », pas d’amis pour les enfants (ou, a contrario, amis qui collent), etc. Sans compter les occasions de faire de vrais voyages fortement réduites ».

 


(1) Dunn, Elizabeth W., Daniel T. Gilbert et Timothy D. Wilson. 2011. « If money doesn’t make you happy, then you probably aren’t spending it right ». Journal of Consumer Psychology, vol. 21, no 2, p. 115-125. doi : 10.1016/j.jcps.2011.02.002