La violence économique dans le couple est une forme de violence conjugale des plus méconnues. Pourtant, elle est bien présente dans la vie de beaucoup de couples et c’est souvent cette problématique qui freine une personne à quitter un conjoint violent.

Grâce au soutien financier de l’Office de la protection du consommateur, l’ACEF des Basses-Laurentides réalise des ateliers de groupe pour prévenir la violence économique. Parallèlement, voici le premier article, d’une série de trois, qui visent à démystifier la violence économique et à la prévenir.

 

La violence économique, qu’est-ce que c’est ?

On décèle la présence de violence économique dès qu’un des deux conjoints entraine volontairement la perte de l’autonomie financière de l’autre conjoint.

Cette perte empêche l’un des conjoints de quitter le nid familial, d’envisager une séparation et par le fait même, de se sortir d’une situation de violence conjugale. La personne se sent alors prise avec le conjoint violent et ne voit aucune porte de sortie.

 

L’autonomie financière, c’est quoi ?

À l’inverse, l’autonomie financière, c’est être en mesure de répondre à ses propres besoins. Il ne s’agit pas seulement d’avoir les ressources financières pour y arriver, mais aussi de posséder des connaissances adéquates sur la gestion des finances personnelles et des avoirs communs.

Une personne autonome financièrement est en mesure de faire un budget, de faire un bilan de sa situation financière, de répondre à ses besoins de bases et d’établir des nouvelles prévisions en fonction des changements à apporter dans sa vie, même si elle n’est pas en couple. Elle est capable d’administrer et dépenser son argent, sans l’autorisation d’un tiers.

 

Les phases de la violence conjugale

MISE EN GARDE : il est possible que vous vous reconnaissiez dans certaines des manifestations qui suivent; cela ne veut pas forcément dire que vous êtes victime de violence économique ou que vous en êtes l’auteur. Par contre, si cela correspond largement à ce que vous vivez, nous vous invitons à consulter l’ACEF et/ou un organisme spécialisé tel que SOS Violence conjugale (voir coordonnées ci-bas).

La violence économique est une manifestation de la violence conjugale, elle s’intègre dans un cycle bien défini en quatre phases, qu’on appelle communément le «cycle de la violence conjugale».

Phase 1 : Climat de tension

Conjoint violent :

  • dénigre, insulte, se moque, rabaisse l’autre conjoint sur sa capacité à gérer les finances du couple, sur ses habitudes de consommation, sur ses connaissances en gestion des finances, et même sur ses capacité à effectuer des calculs mathématiques de base;
  • cache des informations importantes sur la situation financière familiale, par exemple : profit à faire sur la maison familiale, valeur des véhicules, solde des comptes en banque ou des placements familiaux, l’utilisation du compte conjoint, les dettes du couple, etc.

Victime :

  • s’inquiète face à sa sécurité financière;
  • commence à faire plus attention à ses habitudes de consommation, se considère trop dépensière ou pas suffisamment intelligente pour administrer les finances;
  • commence à perdre de la confiance en ses compétences financières.

Phase 2 : Crise

Conjoint violent :

  • met l’autre conjoint dans une situation financière précaire;
  • contracte des dettes conjointes ou convainc l’autre de contracter des dettes à son nom;
  • demande à son conjoint de réduire son temps de travail;
  • se présente à son travail ou parle à des collègues pour miner sa crédibilité;
  • prend le contrôle de la gestion des finances ou laisse le contrôle total à l’autre dans le but qu’il commette des erreurs;
  • détermine lui-même la façon de séparer les dépenses communes;
  • les actifs du couple sont inscrits uniquement à son nom;
  • peut entrainer l’autre à voler ou frauder pour se sortir d’une situation qu’il juge précaire.

Victime :

  • s’isole;
  • se sent vulnérable, humiliée;
  • doute de ses capacités et de ses perceptions face à l’argent;
  • se sent coincée dans son couple;
  • doute de sa capacité à vivre seule.

Phase 3 : Justification

Conjoint violent :

  • trouve des excuses pour expliquer son comportement;
  • rationnalise les actions qu’il entreprend;
  • convainc l’autre que c’est pour le mieux et le bien-être du couple et de toute la famille.

Victime :

  • tente de comprendre la situation;
  • se sent de plus en plus inapte en matière financière;
  • se sent responsable de la précarité de la situation financière du couple ou de la famille;
  • perd espoir de s’en sortir seule et de répondre à ses besoins et ceux de sa famille de façon autonome.

Phase 4 : Lune de miel

Conjoint violent :

  • offre de l’argent à l’autre conjoint pour des dépenses personnelles;
  • lui fait des cadeaux;
  • glisse des informations par rapport aux avoirs du couple ou laisse miroiter que la situation est sur le point de changer;
  • parle de budget et de budget de couple.

Victime :

  • tente de trouver des solutions au problème;
  • se serre plus la ceinture;
  • accepte de plus en plus la situation.

Dans les prochaines infolettres, nous traiterons des moyens de préserver son autonomie financière et les façons de se sortir de la violence économique.


Que vous soyez la personne qui vit de la violence conjugale ou celle qui a des comportements violents, appelez:

SOS Violence conjugale
1 800 363-9010
24 heures sur 24 / 7 jours sur 7

Au service de l’ensemble de la population du Québec, SOS violence conjugale offre des services d’accueil, d’évaluation, d’information, de sensibilisation, de soutien et de référence bilingues, gratuits, anonymes et confidentiels aux victimes de violence conjugale et à l’ensemble des personnes concernées par cette problématique.

Pour en savoir plus sur la violence conjugale, visitez le site du gouvernement du Québec