Parce que les consommateurs sont aussi des électeurs

Parce que les consommateurs et les consommatrices doivent être mieux protégés, l’ACEF des Basses-Laurentides et la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ) interpellent toutes les formations politiques afin qu’elles prennent position sur les enjeux du secteur de la consommation au Québec.

La place qu’occupe la consommation dans l’économie québécoise est d’une importance fondamentale et pourtant, pour nos gouvernements, la consommation ne semble pas compter beaucoup. C’est une erreur.

L’ACEF réclament par conséquent que nos futurs décideurs s’engagent dès maintenant à renforcer la protection des consommateurs québécois au courant du prochain mandat et à dévoiler leurs orientations dans ce domaine, dont ils parlent trop peu.

Il est grand temps de rendre au secteur de la consommation la place et l’attention qui lui reviennent dans l’arène politique. Il faut pour cela agir sur quatre fronts: réformer la Loi sur la protection du consommateur, moderniser l’encadrement du secteur financier, créer un véritable ministère de la Consommation et améliorer le soutien aux associations de consommateurs autonomes.

La santé de l’économie passe par la protection des consommateurs

Les dépenses des ménages québécois avoisinent les 233,8 G$ pour l’année 2016, ce qui représente 59% du produit intérieur brut du Québec selon les dépenses (selon les données de l’Institut de la statistique du Québec relatives aux comptes économiques).

La consommation est l’élément le plus important de l’économie québécoise, devançant les dépenses des entreprises et des gouvernements. Pourtant, les consommateurs québécois demeurent mal protégés, ou ne connaissent tout simplement pas des droits qui sont trop compliqués à comprendre et à faire appliquer.

Dans des marchés de plus en plus complexes et changeants, il est nécessaire d’adapter et de renforcer nos mécanismes de protection, afin que les consommatrices et les consommateurs maintiennent leur confiance dans le fonctionnement de l’économie.

La loi et ses lacunes

L’ACEF invite le gouvernement québécois à lancer une réforme en profondeur du droit de la consommation, afin de le simplifier et de le renforcer. La Loi sur la protection du consommateur, avec les modifications effectuées récemment, comptera, en plus de règles d’application générale, une bonne vingtaine de régimes particuliers, adaptés à des types de contrats spécifiques, avec des règles distinctes et parfois peu cohérentes.

La complexité de notre droit se traduit par une mauvaise connaissance de la part des consommateurs. Les consommateurs ont des droits mais, s’ils les connaissent mal, ils ne peuvent pas les exercer et ils sont par conséquent défavorisés dans le cadre de leurs relations avec les commerçants.

L’encadrement du secteur financier

Le cadre règlementaire du secteur financier comporte également de nombreuses lacunes. Le dépôt à l’automne 2017 du projet de loi connu sous la rubrique «141» a mis en lumière certaines préoccupations de la part des groupes de défense des consommateurs.

L’adoption du projet de loi, en juin dernier, qui fait beaucoup trop peu, les laisse perplexes. La réforme de l’encadrement du secteur financier est nécessaire, tout le monde est d’accord, mais cette réforme doit s’effectuer de manière globale et doit être issue d’un vaste processus de consultation qui permettra à tous les acteurs d’y participer.

Actuellement, on ne trouve rien dans le régime québécois qui assure un accès aux services financiers de base pour les consommateurs vulnérables. Résultat ? Des fermetures de points de service un peu partout, au détriment des régions.

Rien ne régit non plus la décision d’une coopérative de services financiers de réduire les services offerts à ses membres ou de fermer boutique, et le cadre réglementaire québécois demeure pratiquement muet à l’égard de l’obtention de services financiers en ligne. «On n’a tout simplement pas formulé, au Québec, une stratégie globale de développement du secteur financier qui serait adaptée au 21e siècle et qui serait véritablement axée sur l’intérêt public», explique Jacques St-Amant, analyste-conseil pour la CACQ et juriste.

Parent pauvre des politiques gouvernementales

Les premiers ministres qui se sont succédé depuis 40 ans ont trop souvent fait de la protection des consommateurs un portefeuille secondaire pour des ministres débordés par d’autres dossiers. L’encadrement de la consommation en a souffert.

La consommation touche tout le monde et elle joue un rôle économique fondamental. Son encadrement soulève des problèmes complexes et nombreux, qui touchent notamment à l’économie, à la sociologie, à la psychologie, au marketing et au droit.

Ce domaine requiert une expertise, et il mérite un portefeuille. La consommation doit cesser d’être le parent pauvre des politiques gouvernementales québécoises. Il faut pour cela qu’on confie systématiquement ce secteur à un ministre en titre, à temps plein, appuyé d’une équipe administrative disposant des ressources requises.

L’ACEF s’inquiète également du sous-financement gouvernemental accordé aux associations de consommateurs, qui compromet leur capacité de mieux informer et de défendre les consommatrices et les consommateurs dans un domaine où les lacunes sont pourtant manifestes.