Il est indéniable que la lutte aux changements climatiques entraînera des modifications importantes dans nos modes de vie. Notre rapport à l’automobile en est définitivement une.

 

Les véhicules à essence seront interdits de vente en 2035

D’ici 2035, nous ne pourrons plus acheter de véhicules légers neufs à combustion thermique (essence) car il sera interdit d’en vendre au Québec. En 2019, les véhicules électriques individuels ne représentaient encore que 1,3 % du parc total de véhicules légers selon les statistiques de la SAAQ. Ce qui aura pris plus d’un siècle à implanter devra être renversé en une quinzaine d’années.

On peut donc croire qu’à l’horizon de 2050, il ne resterait sur les routes que de vieilles voitures à essence vouées à être reléguées à la rubrique « objets d’antiquités ». Quelle transformation!

En ce qui a trait aux taxis, le taux d’électrification visé est de 40 % d’ici 2030. Le gouvernement s’engage, pour sa part, à électrifier 100 % de sa flotte d’automobiles, de fourgonnettes et de véhicules utilitaires sport (VUS) d’ici 2030. Les flottes d’automobiles des compagnies seront aussi priées de s’y conformer.

À compter de 2025, tous les nouveaux autobus acquis par les sociétés de transport ayant reçu de l’aide gouvernementale seront des véhicules électriques. La cible est que 55 % du parc total d’autobus urbains soient électriques pour 2030, 65 % pour les autobus scolaires.

Si l’on en croit le Plan pour une économie verte de la CAQ, présenté en novembre dernier, nous devrions rouler pas mal vert en 2050. Quelle évolution pour un parti politique qui n’avait aucun véritable plan de lutte aux changements climatiques lors de son élection!

Au plan mondial, plusieurs pays ont pris cet engagement d’interdiction du retrait de la circulation des véhicules à essence. Ce sera en 2025 pour la Norvège, 2030 pour les Pays-Bas et la Grande-Bretagne, 2040 pour l‘Espagne, la France et le Canada.

Au Québec, 44,8 % des émissions de GES en 2018 provenait du secteur des transports (plus grand émetteur) dont 79,6 % attribuables au secteur routier[1]. C’était donc un angle d’attaque absolument essentiel pour le Québec afin d’atteindre son objectif de la carboneutralité pour 2050.

 

Au-delà de l’électrification, la densification de l’occupation du territoire

Les experts s’entendent pour affirmer que la transition écologique passera non seulement par l’électrification des transports individuels et publics mais aussi par la réduction de l’usage de ces véhicules. Elle nous oblige alors à repenser l’aménagement du territoire pour favoriser la densification des zones habitées, l’utilisation du transport en commun, l’abandon de l’auto solo. Nous serons donc confrontés ici aussi à nous adapter, à vivre autrement.

Une expérience exemplaire de densification du territoire et d’offre de transport en commun se déroule dans notre région. La Ville de Sainte-Thérèse se reconstruit autour de la gare de trains de banlieue et d’autobus. Depuis une vingtaine d’années, de nombreux complexes résidentiels s’érigent en hauteur et ses logements trouvent preneurs.

Dans un rayon d’un kilomètre, on y recense des commerces, des services de santé, des institutions d’enseignement, des services bancaires, des salles de spectacles, des restaurants, etc. Ces citoyens peuvent accéder à leur lieu de travail (Laval, Montréal), facilement, sans auto et sans le stress de la circulation.

Moi qui suis né dans ce quartier de Sainte-Thérèse et qui y ai vécu près de 25 ans, chaque fois que j’y retourne, je suis surpris de constater les transformations profondes et rapides qui s’y opèrent.

 

Mettre l’adaptation à notre agenda

En prenant l’exemple de cet engagement du gouvernement, j’ai voulu illustrer comment les dérèglements du climat nous obligeront à des changements radicaux en peu de temps si l’on veut assurer une réhabilitation climatique viable. Évidemment, notre soutien à ces changements est une condition de leur réussite.

 


[1] Source : Inventaire québécois des émissions de GES 1990-2018, MELCC, décembre 2020.

 

Texte de Yves Nantel
Bénévole et militant de longue date