L’on sait que ± 50 % du gaz carbonique (CO2) d’origine humaine est capté par les puits naturels de carbone et que le reste s’accumule dans l’atmosphère année après année. D’où l’importance de préserver l’efficacité de ces puits naturels.

 

GES et réchauffement du climat

Les GES sont constitués très principalement du dioxyde de carbone (CO2), du méthane (CH4) et du protoxyde d’azote (N2O) dans des proportions, respectivement, de 80 %, 10 % et 10%. Les puits naturels ne captent que le CO2. Accumulé dans l’atmosphère le CO2 peut prendre plusieurs siècles avant de se désagréger, les autres gaz se dégradent sur des cycles de 10 à 12 ans pour le méthane et de ±114 ans pour le protoxyde d’azote.

Le CO2 d’origine humaine provient des énergies fossiles soit le charbon, le pétrole et le gaz. Ces 3 produits ont pris des millions d’années à se former ainsi grâce au processus de photosynthèse alors que la combustion que nous leur faisons subir en libère le CO2 en l’espace d’à peine 150 ans.

 

L’effet bénéfique des puits naturels ?

Les puits naturels de captage de CO2 comprennent les océans et les écosystèmes terrestres (forêts, sols et prairies).

Les océans captent 25 % du CO2 d’origine humaine qui vient de la combustion des énergies fossiles pour la production, pour le transport, pour le chauffage, pour la cuisson, etc. Avec l’augmentation rapide des émissions au fil des années, leur efficacité diminue. Comme conséquence, les océans s’acidifient et endommagent la flore et la faune qui y habitent compromettant jusqu’à la chaîne alimentaire des humains.

Les écosystèmes terrestres absorbent l’autre 25 % grâce aux arbres, aux plantes, au sol, en fait, grâce à la biomasse. Mais on malmène aussi ce puits naturel : déforestation pour la culture, l’élevage, la coupe de bois intensive et dernièrement les feux de forêts.

 

Les feux de forêt : frein au captage

Imageons le processus des feux de forêt et ses conséquences sur l’environnement.

Les feux de forêt entraînent deux conséquences majeures :

  1. La combustion des arbres et des plantes libère le CO2 qu’ils ont accumulé durant 50, 100, 200 ans. Le gaz augmente donc le stock de GES dans l’atmosphère.
  2. Ces forêts prendront 50, 100, 200 ans, selon leur espèce et leur âge, pour rétablir leur captage de CO2 au niveau d’avant les feux.

Et un effet pervers majeur

Par l’ampleur des feux en 2023 et 2024, les forêts canadiennes ont été des « émettrices nettes » de CO2 puisqu’elles en ont émis davantage qu’elles en ont capté favorisant une sur-accumulation de CO2 dans l’atmosphère. Et moins ce puits naturel jouera son rôle, plus la forêt s’assèchera et favorisera les feux. C’est un cercle vicieux.

La forêt canadienne constitue 10 % de toutes les forêts du monde. Il faut vraiment la protéger.

 

Un programme qui augure bien : les aires protégées

Adopté en décembre 2022, le Plan Nature du gouvernement provincial vise à protéger 30 % du territoire québécois par la mise en place de mesures de conservation des milieux naturels. Cet engagement s’inscrit dans le cadre de la Convention des Nations-Unies sur la diversité biologique.

Protéger des territoires, c’est protéger ce puits naturel de CO2 que sont les écosystèmes terrestres ; on en a vu l’importance plus haut. Le Plan Nature a permis d’enclencher une grande opération à travers le Québec visant à d’identifier des aires de terres publiques à protéger. Seulement 9 % du territoire des Laurentides est actuellement protégé.

La région des Laurentides n’est pas en reste. Grâce aux 40 projets soumis dans le cadre du Plan Nature, on pourrait augmenter la protection à 20 % du territoire. Eco-corridors laurentiens a épaulé la majorité de ces projets.

Soulignons que 71 % des municipalités qui opèrent sur des terres publiques ont présenté des projets. Les institutions, les organismes et les personnes pouvaient présenter des projets.

L’appel d’offres s’est terminé le 15 janvier dernier. Plus de 400 offres de territoires à protéger  au Québec sont sur la table.  S’ouvre la deuxième phase (2025) qui consiste en l’analyse et la priorisation des projets lors de tables de concertation régionale. En 2027, le gouvernement devrait être en mesure de rendre public le consensus interministériel sur la protection du territoire québécois.

 

Des écueils à prévoir

Même si la démarche semble bien initiée, des écueils sont à prévoir. Déjà des MRC, dont l’appui est obligatoire, ont refusé d’appuyer des projets d’organismes ou de personnes de leur milieu.

Par exemple, la MRC de Haute-Gaspésie a refusé d’appuyer 20 projets alléguant entre autres qu’il y a déjà assez d’aires protégées sur leur territoire. De même, en Mauricie, arguant que l’exploitation forestière est vitale pour leur région.

Par ailleurs, des organismes demandeurs rejettent l’idée du gouvernement d’autoriser des projets économiques (coupes forestières) sur des territoires en attente d’autorisation de protection.

Comme la protection ne signifie pas l’absence totale de développement, il faudra s’entendre sur les balises de ces protections afin qu’elles respectent l’objectif de conservation. Écueil à l’horizon.

Il est à espérer que l’objectif et les échéanciers soient respectés : 30 % en 2030.

 

Texte de Yves Nantel
Bénévole et militant de longue date
Février 2025